Le dernier atelier « Danse en corps et en Clown » que nous avons animé, avec Héloïse Nisole était constitué uniquement de femmes. Chaque groupe est différent. Celui-ci avait une thématique très forte qui a pu être identifiée dès la prise de contact. Voici un échantillon de ce qu’elles ont pu exprimer :
- J’ai peur du regard, du jugement de l’autre.
- J’ai peur de m’exprimer devant plusieurs personnes.
- J’ai peur de ne pas être assez bien.
- Face aux autres, je suis toujours en mode contrôle, je n’arrive pas à me lâcher, à être spontanée, naturelle.
- Je suis très dans mon mental, avec « Il faut que je fasse ci, il faut que je fasse ça ». Il n’y a pas de place à l’imprévu. Tout est sous contrôle. Je suis hyper–stressée.
- Je suis très sérieuse. J’ai du mal à être dans un lâcher prise, à m’amuser, à profiter tout simplement de la vie.
- Dès qu’il y a plus de deux personnes, je suis hyper mal à l’aise, ça me stresse. Je suis incapable de regarder les autres dans les yeux.
Malgré leurs peurs, ces femmes ont osé s’inscrire à cet atelier pour dépasser leurs difficultés !
Nous avons honoré leur courage et les avons félicitées d’une telle démarche ! Car « la peur disparaît dans l’action » disait Gérard Sueur lors des stages « Réconciliation avec soi-même », qu’il animait avec Françoise Muhr. Gérard Duflot quant à lui, répète très souvent dans ses accompagnements « L’enfant a besoin de se rassurer avant de faire. L’adulte ne peut pas se rassurer, il doit d’abord faire pour ensuite être rassuré ! ». C’est à travers l’expérimentation que nous pouvons déprogrammer nos vieux schémas, nos vieilles croyances.
Nous avons donc invité les stagiaires à expérimenter chaque situation avec le regard de l’enfant « comme si c’était la première fois », d’être pleinement dans les sensations. Nous les avons averties que certainement leur mental, leur « Pensouillard d’hamster » – expression empruntée à Serge Marquis (auteur de nombreux livres dont « On est foutu on pense trop ») – viendra certainement faire des commentaires, les perturber dans leur attention. À l’image de la méditation, il s’agit de revenir au corps, aux sensations et laisser passer les discours internes, sans leurs prêter aucune attention.
Afin de rassurer leur mental apeuré, Héloïse a choisi des musiques adaptées. Elle a invité les participantes à prendre le temps de revenir aux sensations du corps, à la respiration, à l’ancrage, à laisser le corps se danser. Progressivement les corps se sont détendus, les visages se sont ouverts. Nous avons poursuivi avec des exercices de clown ludiques et variés, les sourires voire les rires ont émergé. Progressivement, la confiance dans le groupe s’est installée, telle une matrice contenante et rassurante où, dans ce cadre là, il est envisageable d’aller plus loin, d’oser davantage. Des exercices, évolutifs, guidés sur le regard, ont ouvert les portes du OSER REGARDER ET ÊTRE REGARDÉ PAR L’AUTRE, oser donner et recevoir dans les yeux de l’autre, de cœur à cœur, d’âme à âme.
Une stagiaire a témoigné qu’elle se croyait incapable de faire ça. Une croyance s’est levée.
Nous avons cheminé vers un peu plus de lâcher prise en osant jouer à plusieurs devant des regards extérieurs. Oser vivre le regard-spectateur tout en étant relié à ses sensations, accueillir ce qu’il procure en nous et lui offrir en retour ce qui EST. Juste être là. Le travail en amont a créé les conditions pour que ce regard spectateur soit ressenti comme soutenant, encourageant et bienveillant.
Une mémoire de honte est en phase de déprogrammation. Le processus est en cours…
Pour clôturer cet article, je vous partage leurs témoignages de fin d’atelier :
« Jamais j’aurais pensé pouvoir être aussi à l’aise avec un groupe que je ne connaissais pas la veille ! Le fait d’être qu’entre femme m’a aidé »
« J’étais triste et stressée. Je suis calme et pleine d’énergie. »
« Je suis contente et fière d’avoir osé ! »
« Je me rends compte de l’importance du regard. Je réalise à quel point mes non-regards ont pu être mal interprétés. Je découvre que je peux regarder l’autre dans les yeux et ça fait du bien »
« J’ai retrouvé ma part d’enfant espiègle. Il était bien là ! »
« Grande découverte ! Je peux m’amuser sans me sentir ridicule ! Je peux être spontanée et ça fait vraiment du bien ! J’étais pleinement là. Mon mental m’a foutu la paix. »
« Quand on ose, ça libère les appréhensions !»
Héloïse Nisole : Infirmière – Cuisinière – Photographe. Elle propose diverses facettes qu’elle met au service des collectifs pour cultiver le prendre soin. En cours de certification en danse des 9 souffles et formée en communication non violente avec Thomas d’Ansembourg, elle accompagne les individus à cultiver leur singularité tout en prenant soin de Soi et des Autres à travers leur corps.
Sophie Gaillard : Comédienne – Formatrice – Spécialiste des techniques ludiques au service de la confiance individuelle et de la cohésion de groupe. Elle accompagne les individus et les équipes à une meilleure relation à Soi et aux Autres. L’émulation de groupe, les jeux collectifs, le théâtre, le clown, le corps en action et le rire sont les premiers leviers qu’elle utilise dans sa pédagogie. Elle crée les conditions favorables pour prendre confiance en soi et dépasser ses blocages tout en douceur.